Mme Sarah Tanzilli interroge M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur le cadre légal autour des collectifs citoyens luttant contre la cyber-pédocriminalité. La Team Moore, un de ces collectifs citoyens créé en avril 2019, s’attèle à traquer les pédocriminels sur les réseaux sociaux. Les prédateurs sexuels sont appâtés avec de faux profils d’enfants ou d’adolescents afin de monter un dossier avant un signalement aux autorités compétentes. Lors des enquêtes, plusieurs règles strictes sont respectées pour éviter les vices de procédure et l’irrecevabilité des preuves : pas de provocation légale, pas d’usurpation de l’identité d’un enfant, aucun contenu pédopornographique ne doit être partagé ou conservé, aucune information sur le pédocriminel ne doit être divulguée. Ce groupe revendiquerait 75 arrestations et 36 condamnations. Ce « vigilantisme » citoyen s’avère être une aide précieuse pour les services de police, même s’il pose question sur les dérives éventuelles. Par ailleurs, selon l’Union européenne, les contenus pédopornographiques ont augmenté de 6 000 % en 10 ans, principalement sur la catégorie des enfants entre 7 et 10 ans. En 2019, la France était le troisième pays au monde hébergeur de ce type d’image, tandis qu’en 2020 les cyber-violences sur les mineurs ont augmenté de près de 57 % selon l’association E-Enfance. Or, en France, l’Office central pour la répression des violences aux personnes ne dispose que de 17 officiers de la police judiciaire spécialisés dans les techniques d’enquête de la cyber-pédocriminalité. La création par le Gouvernement d’un office dédié aux violences faites aux mineurs va permettre d’augmenter de manière considérable les moyens d’action et d’enquête. Cependant, elle l’interroge sur l’action de ces groupes et du cadre légal dans lequel ils exercent, afin de lutter le plus efficacement possible contre la cyber-pédocriminalité.