Ma question sur la situation en Artsakh, lors de la séance des questions au gouvernement à la Ministre des Affaires Etrangères Madame Catherine Colonna.
Lien vidéo de mon intervention : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/deputes/PA794930
93 jours.
93 jours depuis lesquels 120 000 hommes, femmes, enfants vivent littéralement coupés du monde.
L’Artsakh est devenue une prison à ciel ouvert par la volonté de la dictature azerbaïdjanaise et l’inaction délibérée des forces russes chargées pourtant depuis la fin de la guerre de 2020 de garantir la sécurité et la liberté de cette population arménienne enclavée.
Cette complicité a été scellée 2 jours avant l’invasion russe de l’Ukraine par un accord de coopération renforcée entre Aliyev et Poutine sur le plan économique, bancaire, militaire et énergétique.
Et comme par miracle, Bakou qui n’a pas trouvé de nouveaux gisements gaziers depuis les années 90, signe en juillet un accord avec Ursula von der Leyen pour tripler ses exportations de gaz avec l’Union.
En novembre dernier, Bakou achetait carrément 3 milliards de m3 de gaz à Gazprom, officiellement pour sa consommation intérieure.
Mais c’est bien du gaz russe que l’Union européenne achète à l’Azerbaidjan ! Du gaz russe pour remplacer du gaz russe et pour financer les canons pointés sur les Arméniens.
La semaine dernière la situation franchissait un nouveau palier avec l’attaque menée par l’armée azerbaïdjanaise contre un véhicule en zone arménienne faisant 5 morts dont trois Arméniens et avec des menaces explicites sur une prochaine opération militaire.
Madame la Ministre, l’heure est grave, on ne parle pas d’un conflit territorial. Ce qui se passe depuis 93 jours dans une relative indifférence est un drame humanitaire et ce qui attend l’Artsakh c’est un nettoyage ethnique rendu possible grâce à ces accords gaziers.
Je sais que le président de la république est tout à fait conscient de la menace et que notre diplomatie est pour beaucoup dans le déploiement d’une mission d’observation européenne à la frontière arménienne.
Mais l’Artsakh se meurt et il faut agir vite : aussi je vous demande, et je crois pouvoir associer toute la représentation nationale à ma question : quand allons nous tirer les conséquences de la décision de la cour internationale de Justice en sanctionnant les responsables de ce blocus criminel et mettre un terme aux accords gaziers conclus par la commission européenne qui alimente la complicité entre Poutine et Aliyev ?